Les secrets du 15e arr. : Quand le maire Philippe Goujon rêve d’un arc vert au cœur de Paris

À la tête de l'un des plus vastes arrondissements de Paris, le maire Philippe Goujon partage les pépites méconnues et les secrets du 15e arrondissement. Entre spots balnéaires, ateliers d'artistes, balades verdoyantes et grands projets, découvrez ce quartier de la capitale aux multiples facettes !

On l'imagine parfois comme un arrondissement résidentiel. Pourtant, le 15e arrondissement ne manque pas de pépites à découvrir, et ce n'est pas son maire qui vous dira le contraire. "La spécificité du 15e arrondissement, c'est sa diversité !" précise d'emblée Philippe Goujon, lors de notre entretien.

À la tête de l'arrondissement depuis 2008, le maire partage avec nous les grands projets qui ont et vont transformer ce territoire de l'Ouest parisien, nous invite à en explorer les recoins cachés et à découvrir les événements qui rythment la vie de quartier.

SORTIRAPARIS : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Philippe Goujon, maire du 15e arrondissement : J’ai commencé comme benjamin du Conseil - j’étais alors le plus jeune élu - mais je ne souhaite pas forcément finir doyen !

Je suis un enfant du Quartier Latin, où j’ai vécu pendant des dizaines d’années. Quand on vient du centre de Paris, le 15ᵉ arrondissement semble lointain, presque hors champ. Et pourtant, c’est la politique qui m’y a conduit, et avec le temps, je peux le dire sans hésiter : le 15ᵉ est un arrondissement aux multiples trésors. Chaque quartier y a sa propre identité. C’est une ville dans la ville.

Cinéphile passionné, j’ai peut-être été le seul élu parisien à organiser une réunion publique pour défendre les salles de cinéma indépendantes. Le 15ᵉ en comptait plusieurs autrefois ; aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une seule : le Chaplin, soutenue par la mairie.

Quand le Gaumont Convention a été menacé de fermeture pour raisons économiques, nous avons réagi avec d’autres élus en lançant une pétition. Elle a réuni plus de 11 000 signatures - une preuve éclatante de l’attachement des habitants à leurs cinémas de quartier.

Quel est le bon plan gratuit à ne pas manquer dans le 15e arrondissement ?

C'est la baignade ! Pour l'inauguration, j'ai donné de ma personne : j'ai plongé - et comme vous le voyez, je me porte très bien ! Le site du bras de Grenelle est magnifique, on se baigne au pied de la Tour Eiffel, dans une eau chaude, limpide...

J’étais adjoint de Jacques Chirac lorsqu’il a formulé cette promesse ambitieuse : qu’un jour, on pourrait à nouveau se baigner dans la Seine. C’était dans le parc Citroën, qui descend en pente douce vers le fleuve. Ce parc avait été conçu à l’origine comme une plage urbaine, avec cette idée forte : faire de la Seine un lieu de vie et de loisirs. Jacques Chirac en avait fait le symbole d’un Paris tourné vers son fleuve. Je souhaite que l’on poursuive cette ambition avec l’aménagement d’un deuxième site de baignade dans le 15ᵉ, précisément à cet endroit.

Quelles sont les pépites qu'il faut découvrir dans le 15e arrondissement ?

La Ruche est un lieu remarquable que nous avons soutenu financièrement. Elle est installée dans l'ancien pavillon des vins de Bordeaux, un édifice emblématique de l’Exposition universelle de 1900. Ce site abrite aujourd’hui une résidence artistique ainsi qu’un petit espace d’exposition.

L’Atelier 11 constitue, quant à lui, le dernier témoin de la Cité Falguière, autrefois haut lieu de la vie artistique parisienne, qui a vu passer des figures majeures comme Foujita et Soutine. Et bien sûr, le Musée Bourdelle, récemment rénové, mérite une mention spéciale : il s’agit de l’ancien atelier du sculpteur, devenu un musée avec un magnifique jardin, qui comporte désormais un café-restaurant.

Côté théâtres, nous avons le Théâtre Monfort et le Théo Théâtre, et pour les familles, le Théâtre Paris Plaine qui propose des spectacles jeune public et qui est souvent plein à craquer.

Depuis 2008, je porte un projet pluridisciplinaire ambitieux : la création d’un grand centre culturel à proximité du parc Georges Brassens, baptisé Carré Brassens-Brancion. Ce projet vient de franchir une étape significative avec la récupération de 2 000 m² de locaux. Une partie de cet espace est déjà investie par deux associations engagées : La Source Garouste, qui développe des projets artistiques à vocation éducative, et Les Ateliers des artistes en exil, qui accompagnent la création des artistes réfugiés et proposent des expositions au public.

Un espace commun est également prévu afin d’accueillir des expositions, des répétitions, des restitutions ou encore des rencontres culturelles réunissant pratiquants amateurs et professionnels du 15e.

Concernant les restaurants, j'ai adopté un principe : celui de déjeuner tous les jours dans une adresse du 15e arrondissement. Cela me permet de nouer un contact de plus avec le terrain, de discuter avec les restaurateurs et les clients, de savoir comment se passe la vie dans le quartier.

On y trouve surtout de la bistronomie, notamment le Père Claude, une rôtisserie de haut niveau qui a d'ailleurs ouvert une seconde adresse plus petite, La Retraite du Père Claude, et de la gastronomie avec un très bon rapport qualité-prix, comme le Pilgrim qui propose une cuisine française avec une précision japonaise et qui est tenu par une famille de Japonais - ils disposent, eux-aussi, d'une deuxième adresse, Neige d'été, toujours dans le 15e arrondissement.

Y-a-t-il des temps forts qui rythment particulièrement l'agenda du 15e arrondissement ?

L'association ACE15 organise les Journées Brassens, chaque troisième week-end d'octobre, dans le parc Georges Brassens. Pourquoi à cette date ? Parce qu'il fait toujours beau ce week-end là, ce sont les grandes marées d'équinoxe. On célèbre la chanson française, et bien sûr Georges Brassens ! L'été, l'association installe son chalet Lire à Brassens et prête des transats afin que les riverains puissent lire dans le parc, à l'ombre des arbres.

En parallèle, nous organisons chaque année les journées portes ouvertes des ateliers d’artistes, qui rassemblent près d’une centaine de participants. À cela s’ajoute un rendez-vous plus insolite : Dimanche Sports 15. Un dimanche par mois, la mairie ouvre gratuitement ses espaces aux amateurs de sport. Dans ce cadre atypique, il est possible de s’initier au ping-pong, au tir à l’arc et à d’autres disciplines, le tout dans une ambiance conviviale.

Il y a-t-il eu un souvenir qui vous a particulièrement marqué en tant que maire ?

Pendant la crise du Covid, avec une petite équipe, nous avons monté un véritable commando pour transformer la Mairie en centre anti-Covid. Résultat : plus de 250 000 personnes y ont été vaccinées. Dans l’urgence, je suis allé récupérer charlottes, blouses et gants dans les cantines scolaires pour les remettre aux médecins des hôpitaux Pompidou et Necker, alors en pénurie de matériel.

J’ai également investi dans des imprimantes 3D pour produire des visières de haute protection destinées aux chirurgiens, ainsi qu’une vingtaine de machines à coudre. J’ai ensuite mobilisé des couturières bénévoles du 15ᵉ arrondissement, qui ont confectionné des masques (plus de 300 000). Enfin, un partenariat avec une pharmacie nous a permis de fabriquer quotidiennement du gel hydroalcoolique et du savon, distribués gratuitement.

Je suis très fier de ce que nous avons accompli collectivement pendant cette période difficile.

Quels sont les arrondissements ou villes franciliennes dont vous appréciez l'offre culturelle ?

Je trouve que les villes avec lesquelles je travaille, qui sont riveraines du 15e arrondissement, font un travail formidable. Vanves, Issy-les-Moulineaux, Boulogne... Des villes dans lesquelles on a envie de vivre !

Quels sont les grands projets à suivre dans le 15e arrondissement ?

Nous menons un projet d’urbanisme d’envergure autour de l'Aquaboulevard, qui va faire l’objet d’une reconstruction complète. Il faut dire que, dans son état actuel, c’est l’une des plus grandes passoires thermiques d’Europe — il était temps d’agir !

Ce nouveau quartier intégrera également une partie de l’héliport, dont nous récupérons la moitié du terrain, avec pour objectif à terme de le fermer. Cela permettrait de libérer huit hectares d’espaces verts, prolongeant le parc Suzanne Lenglen, pour y créer des lieux de promenade et des équipements sportifs accessibles à tous.

Une autre opération majeure a été actée lors du dernier Conseil de Paris : le réaménagement de 9 hectares entre la rue de Rennes et l’avenue du Maine, qui inclut la déconstruction et la reconstruction complète de la tour Montparnasse. Les travaux intérieurs débutent dès cette année, et la déconstruction interviendra courant 2026. Le projet prévoit une nouvelle tour intégrant une serre végétale en toiture, destinée à la production de fruits et légumes. Parallèlement, le parvis de la gare Montparnasse sera entièrement déminéralisé, avec la plantation de 1 000 à 2 000 arbres.

Enfin, en juillet, nous inaugurerons également une nouvelle portion de 660 mètres sur la Petite Ceinture, un pas de plus vers ma grande ambition végétale : la création d’un arc vert structurant au cœur du 15ᵉ arrondissement. Ce projet, en forme de fer à cheval, reliera le parc Georges Brassens au parc André-Citroën sur 8,5 kilomètres en passant par les quais de Seine. Ce serait tout simplement le plus grand espace vert continu de Paris.

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Credits:

Photos : photos de SORTIRAPARIS | photos fournies par la Mairie du 15ème arrondissement de Paris | Ludivine Boizard / Ville de Paris | https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Celette | Jeanne Roualet https://en.wikipedia.org/wiki/en:Creative_Commons | Daniel Vorndran / DXR, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31320436

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